Le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz et le chef du gouvernement italien Mario Draghi ont pris place ensemble à bord d'un train spécial à destination de Kiev @le 16/06/2022 La Republica
Le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz et le chef du gouvernement italien Mario Draghi ont pris place ensemble à bord d’un train spécial à destination de Kiev, indiquent jeudi des médias italien et allemand. Les trois dirigeants ont embarqué à bord de ce train spécial en Pologne et sont attendus ce jeudi 16 juin au matin à Kiev en Ukraine, selon ZDF en Allemagne et le quotidien italien La Repubblica, qui publie une photo des trois dirigeants à bord du train.
Pour la première fois depuis le début de la guerre en Ukraine, trois chefs d’État européens vont se rendre à Kiev jeudi 16 juin pour rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Si aucun gouvernement n’avait confirmé l’information, Emmanuel Macron, dont le pays préside actuellement l’Union européenne, a envoyé mercredi des signaux à Kiev, en visitant une base de l’Otan en Roumanie.
« Je pense que nous sommes à un moment où nous avons besoin d’envoyer des signaux politiques clairs, nous Union européenne, à l’égard de l’Ukraine et du peuple ukrainien dans un contexte où il résiste de manière héroïque depuis plusieurs mois », a déclaré le président français, interrogé sur un éventuel déplacement à Kiev.
Plusieurs médias italiens et allemands ont indiqué de leur côté que le chancelier allemand Olaf Scholz et le chef du gouvernement italien Mario Draghi se rendraient dans la capitale ukrainienne jeudi. Ce déplacement serait une première pour les dirigeants des trois principaux pays de l’Union européenne, depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février.
Les trois hommes devraient rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky pour évoquer, outre le soutien militaire, la demande de l’Ukraine de rejoindre l’Union européenne. La France, l’Allemagne et l’Italie y sont favorables, mais dans une perspective plus ou moins lointaine. L’Ukraine n’en attend pas moins du sommet européen des 23-24 juin la décision des Vingt-Sept sur sa demande officielle d’adhésion, début d’un processus de négociations qui peut durer plusieurs années. Son président devrait également réitérer sa demande de nouvelles livraisons d’armes lourdes, indispensables, assure-t-il, pour contrer la puissance de feu russe.
« Soyez avec nous »
« Nous sommes avec vous, soyez avec nous », a déclaré Volodymyr Zelensky aux députés tchèques à Prague lors d’une téléconférence, citant un appel lancé par un présentateur de la radio tchécoslovaque en 1968 alors que les occupants soviétiques tentaient de couper la radio. « Aujourd’hui, alors que le peuple ukrainien lutte pour sa liberté contre l’invasion cruelle de la Russie, nous utilisons ces mots pour nous adresser à toutes les nations d’Europe et du monde démocratique », a-t-il ajouté. « L’Ukraine doit obtenir tout ce qui est nécessaire pour remporter la victoire », a-t-il martelé.
Mercredi soir, Volodymyr Zelensky a dit sa « gratitude » à l’égard des États-Unis pour la nouvelle tranche d’aide militaire que son homologue américain Joe Biden lui a annoncée dans la soirée au téléphone. « Les États-Unis ont annoncé un nouveau renforcement de notre défense, une nouvelle tranche d’aide d’un milliard de dollars », a confirmé mercredi soir Volodymyr Zelensky dans son message vidéo quotidien. « Je veux dire ma gratitude pour ce soutien, il est particulièrement important pour notre défense dans le Donbass », la région de l’est de l’Ukraine épicentre des attaques russes actuelles. L’aide américaine comprend notamment des pièces d’artillerie et des obus supplémentaires. Mercredi, le chef du Pentagone Lloyd Austin a appelé mercredi ses alliés à « intensifier » les livraisons d’armes aux Ukrainiens.
« Moment charnière »
« L’Ukraine est confrontée à un moment charnière sur le champ de bataille », a déclaré le secrétaire américain à la Défense, lors d’une réunion au siège de l’Otan à Bruxelles des pays du « groupe de contact » créé par les États-Unis pour aider l’Ukraine. « Nous devons donc intensifier notre engagement commun » et « redoubler d’efforts pour qu’elle puisse se défendre », a-t-il ajouté. Volodymyr Zelensky a indiqué s’être également entretenu avec le Premier ministre britannique Boris Johnson, lequel a assuré sur Twitter soutenir l’Ukraine « jusqu’à la victoire finale ». Et celle-ci passe par le Donbass, dans l’est de l’Ukraine, enjeu depuis des jours d’une bataille acharnée entre forces russes et ukrainiennes.
Depuis leur offensive avortée sur Kiev en mars, les forces russes et séparatistes prorusses, qui contrôlent partiellement cette région industrielle depuis 2014, se sont donné pour objectif d’en prendre le contrôle total. « L’ennemi a concentré ses forces de frappe principales dans le nord de la région [de Louhansk] et tente d’attaquer dans neuf directions simultanément », a déclaré, mercredi soir, le commandement en chef des forces armées ukrainiennes.
Les combats se concentrent depuis plusieurs jours à Lyssychantsk et Sievierodonetsk, deux villes clés du Donbass. Les autorités ukrainiennes ont reconnu ces derniers jours que leurs troupes avaient été chassées du centre-ville de Sievierodonetsk, et ne plus disposer que de « voies de communication compliquées » avec elles après la destruction de tous les ponts vers Lyssytchansk. « Sievierodonetsk est un élément stratégique dans notre système de défense de la région de Louhansk. La ville ne peut pas être considérée autrement », a rappelé mercredi soir le commandement en chef ukrainien.
Les forces ukrainiennes sont notamment retranchées dans l’usine chimique Azot, emblématique de cette ville comptant avant la guerre quelque 100 000 habitants, avec plus de 500 civils à l’intérieur, selon le maire de Sievierodonetsk Oleksandre Striouk. Moscou a proposé mardi un « couloir humanitaire » qui permettrait d’évacuer ces civils vers des territoires contrôlés par les Russes, mais Kiev ne l’a pas confirmé. La Russie a accusé mercredi les forces de Kiev d’avoir empêché cette opération.
Sur le front diplomatique, au moment où États-Unis et Europe se rassemblent autour de l’Ukraine, le président chinois Xi Jinping a réaffirmé mercredi sa proximité avec son « vieil ami » Vladimir Poutine, au risque de crisper les relations entre Pékin et les Occidentaux. L’ONU s’inquiète de son côté des conséquences de la crise alimentaire provoquée par l’invasion russe de l’Ukraine. Si le monde n’arrive pas à juguler cette crise, le record de 100 millions de personnes déracinées va grossir encore d’« un grand nombre de gens », a prévenu le haut-commissaire pour les réfugiés de l’ONU, l’Italien Filippo Grandi.
LE JV2 AVEC AFP